International Journal of Social Sciences and Scientific Studies (2022)
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Impact De La Maitrise Du Temps Et La Duree Au Processus Du Developpement De l’ Hommme En Particulier Et De La Societe En Generale
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IMPACT DE LA MAITRISE DU TEMPS ET LA DUREE AU PROCESSUS DU DEVELOPPEMENT DE L’ HOMMME EN PARTICULIER ET DE LA SOCIETE EN GENERALE☆
KASAY MUHIRA Serges, a*
a.Chef de Travaux à l’Institut Supérieur de Commerce de Kinshasa et Doctorant à l’Université de Kinshasa au département de philosophie à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines.
Received 04 August 2022; Accepted 17 August 2022
Available online 25 August 2022
2787-0146/© .
A R T I C L E I N F O
Keywords:
Developpement
Societe
Temps.A B S T R A C T
En somme, ce travail est l’étude faite pour montrer aux autorités tant politiques que scientifiques et aussi bien que les hommes de la rue en ce qui concerne la gérance, l’insaisissabilité du temps et de la difficulté qu’a tout l’homme et tout homme de prendre conscience de tout mouvement pour qu’en fait qu’il ne soit pas victime de l’écoulement de ce qui l’entoure et de ce qu’il développe dans la société. Nul ne peut s’empasser du temps car toute notre vie est chronométrée par les signes du temps de la naissance à la vieillesse et de la vieillesse à la mort. Le temps et la durée sont des réalités tellement ordinaires au quotidien que nous y entrons sans savoir de quoi il s’agit. Le train de la mondialisation est en marche et son bon fonctionnement en ce qui concerne la maitrise de soi, nous devons prendre conscience et la part de la responsabilité pour enfin vivre le développement dans notre monde car nous avons deux types de temps : le temps physique et le temps psychologique.
Il est un fait évident de nos jours que la question du temps et la durée se révèle comme une grande préoccupation de tout l’homme et de tout homme, mais curieusement tous les chercheurs ne sont pas encore parvenus à la résolution définitive de ce problème ; car tout homme perçoit le Temps et la Durée et arrive aussi à distinguer le passé, le présent et le futur.
Nous avons utilisé la méthode dialectique
Nous n’ignorons pas que l’homme localise les événements dans le temps. Certains faits naturels sont observables comme la dégradation du monde, la dégénérescence des fleurs, des animaux, les vieillissements des histoires, les civilisations, les défaillances, les déclins permettent à l’homme de ressentir l’écoulement du temps (J. ATALLY, 1982.).
Au regard de ce qui précède, nous constatons qu’il existe :
- une querelle sur la notion du Temps et la Durée dans l’Univers des penseurs,
- l’homme est marqué par la raison, donc l’intelligence et le désir de la connaissance qui lui fait un profit dans le monde car le temps et la durée sont insaisissables dans la mesure où tous les penseurs doivent répondre à ces multiples questions.
Il se dégage une nécessité d’installer un nouvel ordre, d’éveiller, d’éclairer, et d’aiguiser la conscience humaine sur les notions du temps et la durée tout en lui montrant qu’il est un être sacré.
. Ils apparaissent comme des réalités de l’existence et qui sont des réalités faciles à vivre mais difficiles à définir. Peut-on parler du Temps et de la Durée comme de simples concepts ou des réalités de la vie ? Que faut-il faire pour arriver à une maîtrise du temps ? Le temps est-il saisissable? Chercher à répondre à cette question est déjà une démarche philosophique puisque de toutes les façons, le « temps » et la « durée »sont insaisissables dans la mesure où, si tout penseur devait répondre à la question « qu’est-ce que le temps », nous aurions une panoplie épistémologique tissée de convergences et de divergences.
Nous donnons par les multiples questions posées, les réponses que nous attendons dans notre réflexion, en réfléchissant sur les questions de départs, nous voyons que le temps et la durée sont des réalités de la vie et nous allons le démontrer dans ce travail, même si l’homme n’arrive pas à comprendre cette réalité dans son être et dans son vécu. Le temps est tel qu’il est, c’est-à-dire une réalité quotidienne qu’on doit soigner et respecter pour éviter d’être géré par les événements du temps ; pour bien maitriser le temps, nous sommes obligé de le vivre en respectant les principes personnels du travail sans tenir compte de sentiment. En observant notre vécu quotidien.
La réalité est que le temps et la durée sont perçus différemment dans un même événement car la seconde est perçue par la conscience, la conscience est très importante pour faire un examen sur soi, sur le temps et la durée d’un événement.
Cette vocation exceptionnelle qu’on a pour l’élévation et l’évolution de « l’être-homme » à « l’idée nouvelle » nous amène à circonscrire notre travail du temps et de la durée.
Dans l’évolution de la philosophie, nous remarquons que son histoire nous explique les différentes conceptions du temps et de la durée.
Nul n’ignore que l’époque médiévale est caractérisée par des thèmes philosophico-théologiques où le temps est conçu comme créature de Dieu.
La problématique de la réalité du “ temps ” est abordée par l’évêque d’Hippone en guise de réponse aux Manichéens et aux Néo-platoniciens qui s’interrogeaient à propos de l’action de Dieu avant la création du ciel et de la terre, de l’éternité divine ainsi que celle de sa créature. En effet, les premiers posaient “ un monde sans commencement mais non créé par Dieu et un monde sans commencement mais créé par Dieu ou du moins dépendant radicalement de son générateur, un monde temporel sans doute mais où le temps n’aurai ni terme initial ni final ”( SAINT AUGUSTIN, 1980.).
Saint Augustin parle de l’idée de l’ordre dans l’univers. A ce propos, nous analysons deux thèmes du temps toujours selon le philosophe d’Hippone : Le temps de la création et la divinité et la nature du temps (J. GUITTON, 1933).
a) La divination et le temps de la création
Il retient de manichéens l’idée selon laquelle le monde n’a pas commencé. Par contre pour lui et les néoplatoniciens, le monde est sans commencement, mais créé par Dieu totalement dépendant de lui. Il s’agit d’un monde temporel, mais ou le temps est sans terme initial ou final. Pour Augustin, le temps est une créature car tout ce qui existe est l’œuvre de Dieu (J. GUITTON, 1933). Ainsi, Augustin nous fait voir, l’éternité de la durée divine par rapport au temps humain.
b) Essence du temps selon Augustin
Par ses positions exposées ci-dessous, saint Augustin offre au temps une nature. Par contre, Augustin n’ignore pas l’insaisissabilité du temps lequel tend vers le non-être. L’insaisissabilité du temps vient du fait qu’il ne comporte pas des intervalles mesurables. Nous le mesurons uniquement en le percevant c’est-à-dire quand il passe.
Pour ce dernier, l’homme est un être temporel. En se temporalisant, il est condamné à être libre, une liberté sans limite, une facticité du pour soi. Il ne choisit pas son corps, pas plus qu’il ne choisit pas sa place dans le temps historique et dans l’espace géographique et social, mais il est responsable du sens qu’il donne à cet ensemble des faits qui constituent sa situation dans le monde. La temporalisation du pour-soi qui s’effectue dans un monde, est un projet, une transcendance (J. GUITTON, 1933.)
Phénoménologue, Merleau Ponty aborde la question du temps dans son œuvre : la phénoménologie de la perception. Selon lui, le temps c’est la mesure de l’être. Au sens large, c’est un milieu qu’on ne peut comprendre qu’en y occupant une situation et en le saisissant tout entier à travers les horizons de cette situation. Le temps n’est donc pas selon lui un processus réel, une succession réelle (effective) qu’on peut borner. Il ne naît de notre rapport avec les choses. Ce n’est pas un objet de notre savoir, mais une dimension de notre être (M. MERLEAU-PONTY, 1982.)
Martin Heidegger a distingué trois moments aux extases de l’existence : le présent, le passé et l’avenir. Le temps ou le moment fort de la modalité inauthentique est le présent et la principale extase de la temporalité ; inauthentique c’est précisément le présent. Il s’agit d’un présent différent d’un simple maintenant. Le présent désigne l’entrée en présence de toute chose présente. Entrée en présence de toute chose veut dire : “ un instant ou un vide auquel on s’efforce d’échapper dès qu’il est présent (M. HEIDEGGER, 1986). Ce présent passe sans arrêt. Le curieux éprouve le besoin de fuir le présent dès qu’il est là. Il a le désir devoir du nouveau, un désir fondé sur un certain futur.
Pour échapper au présent, le curieux rejette l’objet dès qu’il veut le plus vite tout ce qu’il soupçonne ou ce qu’il a entendu un instant. Dès que le désir paraît être satisfait, le curieux fuit ce futur par le présent et le présent par le futur (Ibid.). En bref, disons que le présent est l’extase important de la temporalité inauthentique. Ce présent, est un instant d’intentionnalité désirée d’un sujet quotidien. C’est un moment d’une vie qui s’écoule à la cour d’une durée. C’est instant dépend du moment de désir que le curieux ou le quotidien accorde à la chose.
La temporalité authentique, en abordant la question du sens du souci dans cette temporalité authentique, n’écartera pas une esquisse des notions élémentaire d’existence. Nous savons que ce terme ce dit des personnes comme les choses, même si la suite de Martin, le concept s’est spécialisée pour désigner la seule existence humaine : “ celle d’un sujet capable d’une présence consciente au monde d’où le Dasein ”. Il affirme que l’existence est facticité, contingence et finie. L’existence est caractérisée par la facticité (déréliction), revient à dire que mon existence est toujours déjà là sans choisir d’y entrer, elle est une contingence caractérisée par là une absence de nécessité, le fait qu’une chose puisse n’est pas être. L’existence est finie revient à dire que, je puis mourir à tout moment (J.P. SARTRE, 1943).d’autre part, le souci en tant qu’une structure en déroulement temporel, est anticipation, c’est-à-dire être avant de soi, être capable de se porter à quelque chose.
Nous trouvons que cette projection vers le possible caractérise le dasein. C’est dans cette manière de projeter “ vers ” qu’on voit le phénomène de l’ “ avenir ” ou “ futur ” (A. DE. WAELHNS, 1967) dans l’analyse de la temporalité heideggérienne.
2. L’impact de la maitrise du temps et la durée sur le processus du développement intégral de l’homme en particulier et de la société en générale
Dans cette partie de recherche, nous allons démontrer comment est observé la notion de la durée et du temps chez les occidentaux, les Africains et aussi chez les congolais.
2.1. La maitrise de la durée et du temps chez les occidentaux
La conception du temps dans la philosophie occidentale a connu une évolution énorme qui s’observe surtout dans le développement de la technologie.
La conception occidentale de la durée et du temps a une grande échelle de valeur au regard de la vitesse que connaît le développement sur les plans économique, politique, spirituel, et culturel. Car ayant déjà compris que la notion du temps constitue un aspect spécifique de l’expérience humaine, qui réunit les relations de succession, de durée et de simultanéité entre les événement, tout en sachant que ces relations sont liée entre elles (Dieu-Donné, UKUMU ULAR, juin 2003). Avec la notion du temps chez les Occidentaux, nous avons trouvé que la succession passe pour la plus fondamentale, tandis que la simultanéité se définit comme une instantanéité entre événements différents ; et la durée désigne l’identité d’un même substrat d’existence au cours d’événements différents et successifs (Encyclopédie philosophique Universelle, 1990). Le temps occidental est « monochronique », c’est-à-dire l’engagement à une seule chose et cette chose seulement pour un bon rendement du travail.
Les relations de successions ont donné naissance à l’idée d’une direction du temps ; celles de durée à l’idée d’une continuité du temps, et celles de simultanéité à l’idée de l’unidimensionnalité du temps (Ibid.).
La maîtrise de la durée et temps chez les occidentaux se manifeste par cet adage : “ le temps, c’est l’argent ”, tout en connaissant déjà l’importance du temps, l’occidental ne se laisse pas distraire, rêver ou désorienter son objectif par contre, il soigne très bien son temps et le consomme tel que prévu selon son travail de maintenant.
Le temps se révèle ainsi comme une sorte de contenant universel pour tous les événements en devenir, et il est représenté selon les diverses cultures, par une ligne droite ou circulaire. Toutes les relations temporelles se laissent, en effet, figurer sur cette ligne à laquelle on attribue soit un caractère statique, analogue à une dimension de l’espace, soit un caractère dynamique, analogue au flux du devenir.
L’héritage philosophique nous instruit que les conceptions fondamentales du temps se rattachent à une double tradition polarisée par la conception hellénique de l’écoulement cyclique, et par la conception judéo-chrétienne d’une histoire du monde (Dieu-Donné, UKUMU ULAR, Art. Cité).
La tradition occidentale inaugurée par H. Bergson, Husserl et Heidegger prolonge la conception judéo-chrétienne et associe la valeur ontologique du temps à la valorisation de la subjectivité (Ibid.).
Dans cette tradition, la problématique de la temporalité parait synthétiquement sous l’aspect de la vérité de l’être de l’homme, en tant qu’il est habité par le non-être et voué à la finitude ou à la mort ; et ce sous les conditions de possibilité de dépassement de l’angoisse du temps, à travers l’assomption par l’homme de son passé, de son projet d’avenir ; en affirmant sa présence au monde et en assumant son destin (MERLEAU-PONTY, 1995).
De cette problématique, il apparaît que le temps de l’existence humaine doit être différent et diffère, en réalité, du temps de l’horloge et de la science. Ce temps-là est le temps originaire, initial.
L’Occidental a bien compris la différence essentielle entre ces deux types de temps, laquelle consiste dans le fait que le temps de l’existence humaine est à la fois subjectif et objectif. Il est subjectif dans la mesure où la tension du présent vers un avenir est “ l’archétype du rapport de soi et dessine une intériorité ou une ipséité ”(Ibid.).
Il est objectif, car nous ne le constituons pas par l’acte d’une pensée. Le temps comme le monde est toujours un “ déjà-là ” pour la conscience. A ce sujet, Merleau-Ponty écrit : “ je ne suis pas l’auteur du temps, pas plus que des battements de mon cœur (…) ; je n’ai pas choisi de naître et, une fois je suis né, le temps fuse à travers moi, quoi que je fasse ”(Ibid.).
Aussi, n’étant pas le fruit d’une réflexion (sur le temps), le temps de l’existence humaine est toujours déjà un processus de temporalisation qui se déploie dans un horizon orienté vers le futur en oscillation entre l’avant et l’après maintenant.
Pour Henri Bergson, par exemple, la durée concrètement vécue est le temps de la conscience qu’il distingue du temps homogène du sens commun de la science : un temps jalonné et spatialisé. La durée vécue se révèle, dans la pensée de Bergson, comme expérience privilégiée et modèle de toute immédiateté. C’est un élan vital créateur.
Heidegger, quant à lui, conçoit l’existence humaine comme une tension entre la facticité de son être, ou encore comme une présence à soi qui couvre l’arrière et, s’ouvre en avant dans l’union extatique de son avenir, de son avoir été et de son présent ouvert en tant qu’être au monde (M. HEIDEGGER, 1964).
Finalement, le temps est une propreté de l’être et, pour l’appréhender, il faut un effort de le faire circonscrire dans l’espace et le projeter dans un “ avenir ” : il faut une intelligence adaptée que Bergson appelle ou nomme “ intuition ”, celle qui voit dans le dedans de son objet qui sympathise avec ce que son objet à l’unique et inexprimable, qui conduit au moi profond (H. BERGSON, 1964).
3.La maitrise de la durée et temps chez lez africains
Après cette spéculation sur le temps, il s’avère utile de nous questionner sur sa nécessité pour le monde actuel en essayant d’en esquisser un usage pour l’Afrique d’aujourd’hui.
Ayant sa réalité dans la pensée, le temps nous apparaît, à première vue, troublant par son insaisissabilité. Cependant, point n’est question de s’en dérober sans qu’on ne se livre à l’annihilation. En effet, selon Pucelle, “ la conscience souffre d’être née. Mais elle ne peut refuser le temps sans suicide, puisque toute vie, même intellectuelle, suppose croissance, erreur, reprise, tâtonnements, aiguillage, élan et sinuosité ” (J. PUCELLE, 1967).
Bien qu’inquiétant, tout homme se trouve nécessairement emporté par le temps sans aucune potentialité de le vaincre. Le seul moyen d’en triompher c’est de se vaincre, c’est-à-dire se connaître soi-même. Cette connaissance consiste à s’édifier sachant qu’on ne peut se construire qu’en devenant ce qu’on n’est pas (BELAVARD, cité par J.PUCELLE, Op. Cit.). Cet apothéose revient donc à éviter certains des contenus du temps tels que : “ la faute, le mal, l’indifférence, le désespoir ” (J. PUCELLE, Op. Cit., p.89.). Pour cela, il faudra que le sujet pensant renoue les liens avec cette réalité immanente qui se veut obstacle mais aussi instrument de salut malgré ses différentes défectuosités telles que “ l’étroitesse du présent, de l’usure, du vieillissement et de la mort ”(Ibid.).
Le temps est objectif de salut dans la mesure où l’homme apprendra à faire corps avec son flux interne, à savoir certains sentiments liés au temps. C’est, en effet, en tournant vers les actions du passé qu’on peut être saisie de regret, de crainte, de consternation ou d’espérance, de remords surgissant par suite d’un passé irrémédiable, de repentir compris comme “ Renaissance par laquelle nous donnons au passé un nouveau sens et une nouvelle valeur ”(Ibid.).
En bref, le temps est rétrospection et prospection, car du présent, l’Africain ne devra pas perdre de vue les souvenirs aussi bien malheureux qu’heureux du passé. Ce présent est fait des joies, des tâtonnements et des retrouvailles. Obscur soit-il, le passé demeure l’ancêtre indéniable de notre histoire à revaloriser sans jamais s’y perdre, car, dit-on, “ le refus du temps, la nostalgie du passé, l’amour de l’éternel, ne sont que fuites devant notre tâche. Seules, nos entreprises temporelles peuvent manifester notre fidélité à l’esprit ”( F. ALQUIE, cité par PUCELLE, Op. Cit.).
A l’heure actuelle du monde en compression graduelle et en accélération du temps par les moyens techniques de communication, ni le regard braqué sur le passé, ni la seule espérance d’un avenir meilleur, ne peuvent sauver l’Afrique. Le temps de l’Africain est « un temps polychronique » c’est-à-dire la multiplicité des taches à faire pour une finalité qui n’est pas objective.
La vie de l’Africain ne dépendra que d’un instant gonflé des souvenirs et d’espérances mais aussi d’engagement. Ce sujet doit accepter ce qu’il fut, ce qu’il est et définir ce qu’il veut être. En effet, sachons que “ refuser son histoire, c’est fuir son existence, refuser d’embrasser ses morts, c’est s’interdire de vivre. Et une part de l’angoisse de l’homme moderne est faite de la hantise de toutes les âmes en peine de tous les morts mal ensevelis qu’il porte en lui ”.
Le peuple africain qui a été considéré comme un peuple du présent, doit être plus déterminé et plus responsable dans cet instant décisif. A chaque présent, à chaque seconde vaut son engagement qui lui ouvrira à un avenir merveilleux. C’est ainsi que le présent africain se rapprochera de l’expression Lévinasienne selon laquelle “ l’instant est par excellence accomplissement de l’existence. L’instant, avant d’être en relation avec les instants qui le précèdent ou le suivent, recèle un acte par lequel s’acquiert l’existence. Chaque instant est un commencement, une naissance ” (E. LEVINAS, 1978).
L’Africain devra éclairer son temps existentiel par des décisions efficaces et par une prise de conscience permanente. Pour lui, exister consiste à approfondir l’instant de sorte qu’il soit accomplissement et réalisation, rejet d’oisiveté, des distractions et intensification d’activités. C’est alors que le temps sera ici, comme ailleurs, de l’or précieux.
En somme, la conception bergsonienne du temps peut être considérée comme une métaphysique de la durée qui apporte une innovation dans la science philosophique. Il s’agit de considérer le temps comme une réalité interne et non extérieure. La durée comme élan vital créateur, la durée cosmique ou évolution doit être conçue sur le modèle de la durée vécue, c’est-à-dire comme spontanéité créatrice. Cette réalité est sentie par le sujet pensant. Malgré sa richesse, cette pensée accuse certaines faiblesses.
L’Africain doit considérer le temps comme un tout englobant le passé, le présent et le futur. Cette réalité exige un esprit d’engagement, de créativité et de détermination pour une prise de conscience dans tout ce qu’on entreprend comme activité. Car en l’appliquant à l’Afrique actuelle, cette pensée se révèle importante.
4. La maitrise de la durée et temps chez les congolais
Nous allons démontrer ici que pour parler de la durée et temps chez les Congolais, il faut d’abord savoir ce qu’était leur façon de voir le temps dans l’espace et de savoir s’il y a une évolution par rapport à leur conscience sur la notion de la durée et du temps.
Quel que soit notre point de vue ou notre opinion au sujet du temps, il existe cependant une histoire qu’on ne peut pas éviter ; si nous pouvons trouver aujourd’hui un pays qui veut se révolutionner du temps, car le temps est inutile et embêtant, ou nous pouvons détruire les différentes usines de “ montres ” parce qu’il n’y a plus d’importance ? Or la notion de la durée et temps est nécessaire du point de vue économique, politique, spirituel et culturel pour que la nation puisse voir d’où elle est sortie, où est-elle maintenant et d’où elle partira dans le processus du développement intégral de la cité.
Nous devons comprendre que la notion de la durée et temps est un processus que tout homme et tout l’homme doit s’assumer.
Nous sommes sans ignorer que le temps sous-tend une dynamique qui s’emploie à faire de la société moderne un village où la technologie, le travail et la conscience du temps fera montre à un développement durable dans un pays ou continent.
Il nous semble que si, dans les pays industrialisés, l’on a compris la logique sous-jacente à la dynamique que génère la mondialisation ; si l’on a, dans ces pays, une conscience aiguë de la valeur du temps, de sa gestion rationnelle qu’on résume d’ailleurs dans l’adage anglais : “ Time is money ” (le temps, c’est de l’argent) (D. F. BIAMELE, juin, 2003).
Dans les pays en voie du développement, en particulier en République Démocratique Congo, par contre, la notion ou gestion rationnelle du temps échappe à l’esprit de beaucoup de personnes, voire des intellectuels ou des dirigeants du pays.
Ce qui est vrai, c’est que le sujet congolais gère mal son temps. C’est ce qui se traduit par l’expression “ Heure Congolaise ”(Ibid.).
Dans notre réflexion sur la maîtrise de la durée et temps chez le congolais, nous allons procéder par quelques interrogations qui pourront nous ouvrir dans l’espace des idées pour en savoir plus. Qu’est-ce que l’heure congolaise ?, cette conception du temps et de l’espace est-elle compatible ? Ne pouvons-nous pas dire que l’“Heure Congolaise ” est une des causes du sous-développement de la République Démocratique du Congo? Que doit être le sujet congolais pour épouser ce qu’il y a de meilleur : l’amélioration de la performance par la conception, sans pour autant être pris au piège de la mondialisation, mais pour éviter d’être marginalisé dans un monde qui se globalise de jour en jour ? (Ibid.)
Nous ne pouvons pas commencer à développer notre réflexion sans que nous ne donnions une définition sur la notion du temps. Nous sommes tous au courant que le temps est une vielle interrogation sans doute, les philosophes qui tentent d’en donner une réponse découvrant d’emblée que le temps est l’une des notions philosophiques la plus difficile à cerner. Le temps est une réalité complexe ; les prises de position, comme l’a remarqué Mouchelini, sont contradictoires (R. MOUCHELINI, 1964).
En dépit de cette contradiction, Yakouf Askin nous dit que l’étude du temps reste au philosophe l’une des tâches les plus importantes de la philosophie. Elle s’impose au philosophe comme étant un préalable à toute tentative d’interprétation des caractéristiques essentielles de ce monde en mutation dont nous faisons partie (YAKOUF. ASKIN, 1978). Sans prétendre approfondir ce débat ici, nous pouvons distinguer, quant à nous, trois catégories du temps : le temps physique, le temps psychologique et le temps social, nous nous sommes inspiré de N’Daw, A (A. N’DAW, 1983.).
- le temps physique :
Lalande définit le temps physique comme “ l’espace dans lequel s’est déroulé une action ” (A. LALANDE, 1962) Par exemple, la durée du déplacement d’un homme qui part de Kisangani à Bunia. Le temps physique est vécu par tout être humain comme une trajectoire décrivant une courbe d’abord ascendante, puis descendante. “ Tout homme, écrit N’Daw, sent s’user.
Il naît, grandit et périt. Donc, l’homme fait l’expérience du temps physique lorsqu’il regarde soit les choses, soit sa propre existence. Le temps physique paraît sans forme de changement, de succession des états des choses et des événements.
- le temps psychologique
Le temps psychologique, c’est le temps vécu par la conscience individuelle. C’est le temps tel qu’il est ressenti par chacun de nous (A. CUVILIER, 1970).
Prenons deux spectateurs postés devant le petit écran et qui assistent à un match de football. Ces derniers peuvent manifester deux attitudes opposées : L’un, sportif, peut trouver le match très captivant ; par contre, l’autre, répugnant au sport, peut trouver le match ennuyeux. Si, pour le premier, le temps passe vite, pour le second, le temps donne l’impression de ne pas couler.
Bien d’études montrent que le temps psychologique dépend de l’état d’âme de l’individu. Le temps semble long dans les périodes d’ennui ; tandis qu’il semble court pendant les périodes de vie intense et joyeuse. Il change, dit Pucelle (J. PUCELLE, 1967), suivant la situation dans laquelle nous sommes engagés, suivant notre état d’allégresse ou d’ennui. Le temps psychologique est donc subjectif et par conséquent non Universalisable parce que variant d’un individu à l’autre se trouvant dans des circonstances aussi variées.
- le temps social
Le temps social est le temps collectif. Il est né, selon Ndaw, suite au besoin que les hommes ont éprouvé de fournir à l’ensemble de la communauté des points de repère commun à tous. Il est créé en se référant à certains mouvements réguliers, observables dans la nature comme ceux du soleil, de la lune et des saisons (A. N’DAW, 1983).
Les divisions du temps en termes des nuits, des jours, des semaines, des mois, des années et des siècles marquent cette socialisation du temps fondée sur la convention, le social varie selon les systèmes sociaux, éthiques ou religieux. Par exemple, l’année civile commence le 1er Janvier, l’année liturgique chrétienne part de l’Avant et culmine à Pâques ; l’ère musulmane en 622 ; l’année scolaire commence en République Démocratique du Congo en Septembre, en Octobre pour l’Enseignement Supérieur et Universitaire. Les hommes des sciences s’accordent d’ordinaire à compter le temps universel à partir du méridien de Greenwich (Temps Universel). On peut donc compter ou mesurer objectivement le temps social à partir des repères conventionnels (D. F. BIAMELE, Art. Cité).
De ce qui précède, nous pouvons conclure avec Musangi que “ la notion ou la conscience qu’on a du temps est universelle ”( M.Y. MUSANGI, 1986), ce qui différentie les hommes et les cultures, ce sont les différentes conceptions qu’on se fait du temps. Dès lors, l’on peut se demander ce qu’on entend par “ l’heure congolaise ? ” est- elle synonyme du temps physique, du temps psychologique ou du temps social ? Ce sont là des questions qui habite notre intelligence.
L’idée que nous avons de l’heure congolaise est différente de ce qui nous est présenté à partir de méridien de Greenwich (Temps Universel), on peut parler des heures locales telles que, par exemple, l’heure française, l’heure Sénégalaise, … c’est-à-dire l’heure qu’il est en France, au Sénégal, par rapport au méridien initial. Il est important de se demander maintenant si l’épithète “ congolaise ”, dans l’expression “ l’heure congolaise ”, désigne l’heure qu’il est en République Démocratique du Congo par rapport au Temps Universel ou autre chose.
La réponse à cette question peut être trouvée dans la pratique, dans le vécu congolais. Il suffit de se rendre aux bureaux de services de l’Etat, d’assister aux cérémonies officielles, aux rencontres scientifiques, sportives ou familiales, aux cultes religieux… pour s’en rendre compte du non-respect de temps.
En effet, en République Démocratique du Congo, il n’est pas rare de constater que le fonctionnaire de l’Etat se pointe au service quelques minutes, voire des heures après le temps conventionnel du travail. Le début d’une réunion officielle connaît souvent des heures de retard, puisque l’animateur ne s’est pas présenté à l’heure fixée par le protocole. Les rencontres sportives commencent toujours avec un léger retard par ce qu’il faut attendre que les équipes soient complètent. Le prêtre commence son office (la messe) avec quelques fidèles, le nombre de ceux-ci augmente au fur et à mesure que la prière avance. Les malades succombent devant le cabinet du médecin parce que celui-ci n’est pas encore arrivé.
L’autorité politique, attendue dans un territoire donné du pays, arrive en retard sur le programme officiel, parfois sa visite est reportée à une date ultérieure, sans une moindre excuse (D. F. BIAMELE, Art. Cité ).
Il ressort donc de tous ces exemples que l’expression “ heure congolaise ” ne désigne pas non plus heure qu’il est en République Démocratique du Congo par rapport à d’autres cieux ; mais il s’agit d’une habitude qui consiste à “ ne pas être ponctuel au travail, au rendez-vous ”, et donc à ne pas exécuter sa tâche dans le délai prévu. C’est un penchant généralisé du sujet congolais moderne vers le retard, vers la remise de toute activité au lendemain. Ici “ l’heure congolaise ” est aussi synonyme de l’anticipation de la fin du travail. Un secrétaire, qui doit fermer le bureau normalement à 15heures, peut partir déjà à 12heures. L’accent est mis surtout sur l’arrivée. Disons seulement qu’il s’agit du non-respect du temps par le congolais. L’on peut alors se demander pourquoi le congolais cultive une telle antivaleur (D. F. BIAMELE, Art. Cité ).
La loi de la nature nous laisse entrevoir que rien n’arrive au hasard, tout à une cause.
La question qui vient à l’esprit est de savoir si la notion mathématique du temps était comme par les Africains en général et les congolais en particulier. En effet, en Afrique, les sociétés traditionnelles étaient dominées par le mode de vie essentiellement agricole et artisanale. Elles se préoccupaient peu de l’évaluation arithmétique du temps. La vie agricole ou artisanale était réglée en fonction du rythme des saisons et de la nature. Ainsi la saison sèche était la période de la préparation des champs (défrichage, abattage, brûlis, pêche,…) et quand la pluie renaissait, on entamait le semis (Ibid.).
Faute d’instrument de mesure, le temps était apprécié en se référant à ce que John MBITI appelle “ Calendrier des phénomènes ” (J. MBITI, 1972). Certains phénomènes de la nature (éclipse de la lune, inondation, cris d’oiseaux) ou les événements historiques (mort de chef, mariage) servaient de référence pour la datation. De nos jours, les sociétés modernes sont dominées par le mode de vie industriel, un système de vie basé surtout sur la production et la consommation. La vie économique n’est pas réglée par la nature, elle dépend de la volonté humaine, de l’usage des acquis de la science, mais aussi et surtout de la bonne gestion du temps (Ibid.).
Pour bien gérer le temps, l’homme a inventé un instrument de mesure : chronomètre. Celui-ci sert à indiquer l’évolution du temps avec précision, en découpant la journée en heure, minutes et secondes c’est qu’on appelle la division mathématique du temps[1].
Nous pensons que la notion mathématique du temps est un style de vie imposé à l’Afrique par la modernité. C’est là, nous semble-t-il, une de cause de l’inadaptation de congolais au temps chronométré : inadaptation traduite par ce fameux adage l’“ heure congolaise ”(Ibid.)
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CONCLUSION
Par la perception, le sujet se sent duré et cette perception est bien spirituelle que matérielle. En effet, l’homme tout comme la matière qui l’entoure est emportés par le temps et le changement perpétuel. Ce temps bâti d’un avant, d’un après et d’un présent transitoire entre les deux.
Cependant, l’idée de la durée n’exclut pas celle du temps objectif lié à la perception visuelle. Le temps objectif, impersonnel est une fuite continue du passé vers l’avenir. Il se mesure par le mouvement alors que la Durée se mesure par la simultanéité dans le flux.
Bien que la philosophie et la science abordent le temps en partant de l’expérience, il est possible de reconnaître le temps réel ; celui du philosophe. Il est perçu par la conscience.
Disons donc que le temps est le lieu de la conception, de la croissance, de la réalisation, de la décrépitude et de la mort de toute chose. Il est une fuite perpétuelle à ne pas contempler. Chaque conscience doit alors s’impliquer et se percevoir clairement dans cet écoulement incessant.
Face à une telle entreprise, l’homme devra se sentir contraint d’adopter une attitude d’engagement en vue de donner sens à son existence, et cela pour chacun, dans sa fonction quotidienne. S’appropriant ainsi le temps, la conscience sera perçue comme sujet et non comme objet.
En somme, la survie de la République Démocratique du Congo est donc au prix de sa capacité à l’intégration de la notion de la durée et temps pour bien parler de la décentralisation et du développement de notre pays. Pour ce faire, il doit déloger dans sa conscience le principe de “ l’heure congolaise ”, cette mauvaise habitude, ancrée dans sa moelle épinière, et qui constitue un véritable obstacle pour la mise en marche d’une économie forte et compétitive au Congo. Les dirigeants doivent commencer à prêcher par des exemples en respectant le temps malgré leur justification illimité. Et comme il s’agit d’opérer une véritable révolution copernicienne dans la mentalité de tout un peuple, cette tâche revient aussi aux parents et aux éducateurs qui doivent développer aussi chez les jeunes, le respect du temps, en famille et à l’école. (ABEL JEANMER, Avril 2002)
.qu’à cela ne tienne, le Congolais doit éviter un autre virus qui ronge la société moderne, et qui place le calcul au sommet de sa hiérarchie des valeurs en faisant du temps un absolu : la rigueur exige la course contre la montre. Si nous observons très bien : “ nous sommes malades du temps minuté ”.
Entre les deux maux, “ l’heure congolaise ”, qui est un temps perdu, d’une part et le “ temps moderne ” qui est un “ temps idole ”, d’autre part, le congolais, pour vivre réellement la noblesse, il doit s’ouvrir à l’autre, ce qui fonde la philosophie de la mondialisation, il doit savoir créer un “ temps d’existence ”. Celui-ci est un temps disponible pour chaque activité ; et un temps humain qui tient compte des impératifs de son développement, mais aussi de ses relations avec les autres hommes et avec la nature.
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☆ Chef de Travaux à l’Institut Supérieur de Commerce de Kinshasa et Doctorant à l’Université de Kinshasa au département de philosophie à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines.
* Corresponding author at: KASAY MUHIRA Serges
Received 04 August 2022; Accepted 17 August 2022
Available online 25 August 2022
2787-0146/© .
- Ibidem. ↑