Résumé
Dans l’optique de contribuer à l’amélioration des survies des nouveau-nés à Lubumbashi, nous avons mené une étude descriptive transversale à récolte des données retrospective, sur une période de 3 ans ( de janvier 2021 à novembre 2023), portant sur les causes d’hospitalisations néonatales à Lubumbashi. Nous avons retenu 471 nouveau-nés. Après nos observations, il ressort que les hospitalisations néonatales représentent 15,12% des pathologies en général. Les causes fréquentes étaient : l’anémie 30,15% comme grande pourvoyeuse des causes néonatales, l’infection néonatale 27,81% et les ictères 13,80% , la puériculture 12,95% et la détresse respiratoire 12,74% ; malformation congénitales 1,91% ; hyperglycémie 0,64% . Nous voulons bien contribuer par cette étude ; à identifier les causes les plus pourvoyeuses des hospitalisations néonatales dans notre milieu pour adopter des attitudes prophylactiques idoines.
Abstract
With a view to contributing to improving the survival of newborns in Lubumbashi, we carried out a cross-sectional descriptive study with retrospective data collection, on a period of 3 years (from January 2021 to November 2023), covering the causes of hospitalizations neonatal care in Lubumbashi. We retained 471 newborns. After our observations, it appears that neonatal hospitalizations represent 15.12% of pathologies in general. The causes frequent were: anemia 30.15% as the main cause of neonatal causes, neonatal infection 27.81% and jaundice 13.80%, childcare 12.95% and distress respiratory 12.74%; congenital malformation 1.91%; hyperglycemia 0.64%. We want contribute well through this study; to identify the main causes of hospitalizations neonatal in our environment to adopt appropriate prophylactic attitudes.
Keywords : Causes, hospitalizations, newborns, Lubumbashi
INTRODUCTION
La période néonatale est une étape d’une grande vulnérabilité au sein de la population pédiatrique. Le risque d’évolution défavorable brusque pendant cette période impose une prise en charge précoce et adaptée. L’urgence vitale chez le nouveau-né à terme après sortie de maternité est rare (1% des cas), mais potentiellement grave [1]. Dans certains pays européens comme en Suède ou certains Etats américains, l’organisation des soins basée sur un suivi systématique dans les premiers jours après sortie précoce de maternité limite le recours aux urgences et le taux d’hospitalisation précoce [4].
Les hospitalisations néonatales en France représentent 25 à 30% de la totalité d’enfants avec une augmentation moyenne annuelle de 5% et dans 56% de cas ; elles sont médicales [5]. La fréquentation des urgences pédiatriques par les nouveau-nés est en constante augmentation en France comme à l’étranger. Les nouveau-nés représentent dorénavant selon les études de 0,9 à 2,3% des consultations aux urgences pédiatriques [6]. Les principales causes d’hospitalisation au Mali sont représentées par la prématurité (30,2% ), l’anoxie périnatale (27,4%) et l’infection néonatale (22,9%) [7]. En République de Guinée, les hospitalisations néonatales sont évaluées à 4,23% en général. En 10 Ans, 37,79% de cas d’affections de la paroi abdominale ont été enregistrés, 32,88% de cas d’affections neurologiques, 27,48% des affections du tube digestif et 2,25% de cas des affections uro-génitales [11].
Les hospitalisations néonatales demeurent un problème de santé publique surtout les pays en développement tel que la République Démocratique du Congo où le sujet demeure encore préoccupant ; car les hospitalisations néonatales sont précoces à 84% des cas à Kindu et la morbidité dominée par l’infection néonatale 82% , la prématurité 15% et l’asphyxie néonatale 8% [2] . A l’ère du troisième millénaire où les pays en voie de développement tels que la R.D.Congo, ont un défi majeur à relever dans différents domaines, la qualité de vie des nouveau-nés est d’une importance grandissante surtout que ces derniers sont prédisposés à plusieurs pathologies. La ville de Lubumbashi ; notre lieu d’étude, ne compte que deux unités de néonatologie sur environ 2.933.962 d’habitants en général et environ 210.081 d’enfants en particulier [9] pour moins de 20 pédiatres pratiquants ; raisons pour lesquelles les hospitalisations néonatales posent les problèmes d’accroissement suite au nombre insuffisant du personnel soignant qualifié pouvant prévenir et ou dépister les pathologies les 3 premiers jours de vie. De ce qui précède, nous répondrons à la question ci-après : quelles sont les différentes causes d’hospitalisations néonatales à Lubumbashi et quelle serait la fréquence de ces causes ?
L’objectif général de cette étude est de contribuer à l’élévation de survie des nouveau-nés à Lubumbashi. Pour parvenir à cette fin, nous devrions :
- Déterminer les causes d’hospitalisations néonatales à Lubumbashi.
- Déterminer la fréquence des causes d’hospitalisation néonatale à Lubumbashi.
- Déterminer l’issue des nouveau-nés.
Quoique certaines études se soient penchées sur ce sujet, les investigations portant sur les causes d’hospitalisations néonatales sont rares à Lubumbashi. Ainsi donc, il nous a paru nécessaire de mener cette recherche dans notre milieu.
II. METHODOLOGIE
- Lieu d’étude : deux grands hôpitaux représentatifs des structures sanitaires de la ville de Lubumbashi ; les Cliniques Universitaires et l’hôpital provincial de référence Janson Sendwe. La ville de Lubumbashi regorge 7 communes dont la commune de Lubumbashi, de Kampemba, de Kamalondo, de Ruashi, de Kenya, de Katuba et la commune Annexe. Les Cliniques Universitaires et l’hôpital provincial de référence Janson Sendwe sont tous les deux localisés dans la commune de Lubumbashi.
Figure 1 : Cartographie de la ville de Lubumbashi
- Période d’étude : du premier janvier 2021 au 30 novembre 2023
- Type d’étude : étude descriptive transversale
- Matériels : fiche des malades , fiches des récoltes données , registre, carnet de santé, ordinateurs
- Logiciel utilisé : Stata, Excel
- Critères de sélection :
- Critères d’inclusion : être âgé de 0 à 28 jours et tout nouveau-né dont l’affection a fait l’objet d’hospitalisation et pour lequel les informations ont paru complètes.
- Critères d’exclusion : tout nouveau-né suivi en ambulatoire pendant la période d’étude ; tout nouveau-né sorti de l’hospitalisation vivant ou décédé après 28 jours et tout celui dont les données étaient incomplètes et ou inexploitables.
- Variables retenues : âge, sexe, poids, causes d’hospitalisation, âge de la mère, issue des nouveau-nés.
- Echantillonnage : exhaustif prenant dans l’ensemble 3114 nouveau-nés dont 471 retenus suivant les critères d’inclusion.
III. RESULTATS
Répartition selon les Causes d’hospitalisations
Il ressort de cette figure que la cause la plus élévée reste l’anémie avec 30,15% et la plus basse est l’hyperglycémie avec 0,64%.
- Tableau cumulé : causes, traitement et issue
|
TRANCHES D’AGE |
EFFECTIFS |
PRISE EN CHARGE |
ISSUE |
|||
CAUSES |
n=471 |
GUERRIS |
DECES |
||||
M |
F |
M |
F |
||||
|
(%) |
(%) |
(%) |
(%) |
|||
Anémie |
0-7 |
97 |
Transfusion sanguine |
20(14,1) |
71(50) |
2(1,4) |
4(2,8) |
> 7 |
45 |
Transfusion sanguine |
15(10,6) |
23(16,2) |
1(0,7) |
6(4,2) |
|
Infection |
0-7 |
70 |
Antibiothérapie |
35(26,7) |
25(19,1) |
8(6,1) |
2(1,5) |
> 7 |
61 |
Antibiothérapie |
21(16) |
34(26) |
1(0,8) |
5(3,8) |
|
Ictère |
0-7 |
37 |
Photothérapie, exsanguinotransfusion et hydratation |
16(24,6) |
18(27,7) |
3(4,6) |
0 |
> 7 |
28 |
Exsanguinotransfusion, hydratation |
9(13,8) |
12(18,5) |
5(7,7) |
2(3,1) |
|
Prématurité |
0-7 |
41 |
Puériculture |
19(31,1) |
20(32,8) |
2(3,3) |
0 |
> 7 |
20 |
Puériculture |
5(8,2) |
12(19,7) |
1(1,6) |
2(3,3) |
|
Détresse respiratoire |
0-7 |
45 |
Oxygénothérapie, ionothérapie |
15(25) |
27(45) |
3(5) |
0 |
> 7 |
15 |
Oxygénothérapie, ionothérapie |
4(6,7) |
10(16,7) |
1(1,7) |
0 |
|
Malformation congénitale |
0-7 |
7 |
Réparation chirurgicale |
1(11,1) |
4(44,4) |
1(11,1) |
0 |
> 7 |
2 |
Réparation chirurgicale |
1(11,1) |
1(11,1) |
0 |
0 |
|
Hyperglycémie |
0-7 |
2 |
Hydratation |
1(33,3) |
1(33,3) |
0 |
0 |
> 7 |
1 |
Hydratation |
0 |
1(33,3) |
0 |
0 |
De ce qui précède, il ressort que le sexe féminin a enregistré le nombre élevé de guérison (269 cas) et le sexe masculin a enregistré le nombre élevé de décès à l’issue des hospitalisations (28 cas).
Répartition selon l’Age (jour)
Figure 2 : Age en jour
Il ressort de cette figure que la tranche d’âge comprise entre 0 à 7 jours est celle la touchée avec 88,09%
Représentation selon la prise en charge
Figure 3: Prise en charge
Tableau 2. Caractéristiques socio-démographiques des enquêtés
Caractéristiques |
n |
% |
Age de la mère (années) |
||
15-24 |
190 |
40,4 |
25-34 |
271 |
57,7 |
≥ 35 |
9 |
1,9 |
Sexe du nouveau-né |
||
Masculin |
215 |
45,7 |
Féminin |
256 |
54,3 |
Age du nouveau-né (en jours) |
||
0-3 jours |
214 |
45,5 |
4-7 jours |
200 |
42,6 |
8-28 jours |
56 |
11,9 |
La tranche d’âge la plus touchée est comprise entre 0 à 3 jours avec 45,5%.
Tableau 3. Caractéristiques cliniques des nouveau-nés
Caractéristiques |
n |
% |
Poids à la naissance (grammes) |
||
< 2500 |
253 |
53,8 |
≥ 2500 |
217 |
46,2 |
Mode d’accouchement |
||
Eutocie |
367 |
78,1 |
Dystocie |
103 |
21,9 |
Référence |
||
Oui |
205 |
43,6 |
Non |
265 |
56,4 |
Issue |
||
Décédé |
49 |
10,4 |
Guéris |
421 |
89,6 |
L’accouchement eutocyque constitue le mode le plus remarqué avec 78,1% et plus de la moitié des malades n’étant pas référés ;soit 56,4%.
Tableau 4. Issue des nouveau-nés en fonction des certaines caractéristiques
Caractéristiques |
Issue |
p |
|
Décédés n (%) |
Guéris n (%) |
||
Poids de naissance |
0,010 |
||
< 2500 |
35 (71,4) |
218 (51,7) |
|
≥ 2500 |
14 (28,6) |
204 (48,3) |
|
Mode d’accouchement |
0,465 |
||
Eutocique |
36 (73,5) |
331 (78,5) |
|
Dystocique |
13 (26,5) |
91 (21,5) |
|
Age de la mère (années) |
0,002 |
||
15-24 |
31 (63,3) |
159 (37,7) |
|
25-34 |
17 (34,7) |
255 (60,4) |
|
≥ 35 |
1 (2,0) |
8 (1,9) |
IV. DISCUSSION
Les principales causes d’hospitalisation au Mali ont été représentées par la prématurité (30,2% ),l’anoxie périnatale (27,4%) et l’infection néonatale (22,9%) [7] alors que notre travail a mis en évidence l’anémie 30,15% comme grande pourvoyeuse des causes d’hospitalisations néonatales, suivie de l’infection néonatale 27,81% et les ictères 13,80% . Dans une étude effectuée à Marseille par Camille Ravel et Marion Nimal en 2020 ; les nouveau-nés hospitalisés étaient plus immatures à la naissance et plus souvent de sexe masculin (54.0%) et la proportion de nouveau-nés d’âge gestationnel inférieure à 38 Semaines d’Amenorrhée était de 26,7% dans la population hospitalisée contre 20,5% dans la population non hospitalisée . Bien qu’il n’y eût aucune différence concernant la moyenne du poids de naissance entre les deux groupes [12]. Contrairement à notre étude qui a révélée la majorité des nouveau-nés hospitalisés étant matures ; soit 87,05 % alors que la prédominance était féminine; soit 54,3 % et la tranche d’âge des nouveau-nés la plus touchée était celle de 0 à 3 jours de vie (45,5%) . Une étude menée en 2013 par Kisito et al. à Ouagadougou a pointé l’hypoglycémie néonatale à 4,4% des cas de cause d’hospitalisations[10] ; alors que notre étude a mis en évidence l’hyperglycémie à 0,64%. Dans notre étude, le nombre de survie néonatale est 89,6% et l’OMS en 2018 d’ajouter ; que les chances de survie des nouveau-nés sont étroitement liées au niveau de revenu du pays dans lesquels ils voient jour. Dans les pays à revenu élevé, le taux de mortalité néonatale moyen est de seulement trois pour 1000 naissances vivantes ; tel qu’au Japon ,1 décès/1000 naissances, par contre ; 46 sur 1000 naissances ne survivent pas avant un mois au Pakistan [13]. Cette logique va à l’encontre de nos résultats sur le nombre élevé des nouveau-nés survivants alors que notre pays (RDC) est celui à ressources faibles. L’âge moyen des mères était de 34 Ans selon Harir et al en 2015, en suite, 89% de nouveau-nés étaient prématurés [8] et les enfants de mères de moins de 25 ans étaient plus hospitalisés [5]. Contrairement à la tranche d’âge des mères dans notre étude qui était de 25 à 34 Ans alors que les nouveau-nés prématurés étaient à 12,95% des cas . Une évaluation faite à la maternité d’Ignace-Deen de Conakry en 2022 par Abdourahamane et al. a révélé les malformations congénitales à 0,3% et 26% ont eu besoin d’une réanimation à la naissance [16]. Ceci qui corrobore avec notre étude ayant mis en évidence les malformations congénitales à 1,91% .
CONCLUSION
L’hospitalisation est un indicateur important de morbi-mortalité néonatale et utilisé habituellement pour évaluer l’impact et la pertinence des organisations de soins périnatals. Cette étude a indiqué les principales causes d’hospitalisation néonatales étaient l’anémie, l’infection, l’ictère, puériculture et la détresse respiratoire responsables des conséquences voire le décès. Ainsi donc ; une consultation précoce durant les 3 jours suivant la sortie de maternité, par un médecin ou une sage-femme réduirait le risque d’hospitalisation au cours de la période néonatale.
SUGGESTIONS
Aux autorités politico-administratives, d’appuyer les unités de néonatologie en matériels adéquats et en subventionnant les soins néonataux. Aux autorités sanitaires, d’assurer la formation continue du personnel soignant. Au personnel soignant, d’assurer efficacement les soins néonataux. Et aux parents, de consentir et d’adhérer au traitement de leur nouveau-nés.
Conflit d’intérêt : Aucun
REFERENCES
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2] Abdala K. et al.,Morbi-mortalité néonatale dans un hopital général de référence en République Démocratique du Congo : Etat de lieux et perspectives, Journées pédiatriques de MSF,2021
3] Azoumah DK et al, Les urgences médicales pédiatriques au CHU campus de Lomé. Aspects épidémiologiques, une chance de survivre. Journal de Lomé 2010 ; 12(2) :27-38
4] Boubred F et al. Morbidité néonatale précoce après sortie de maternité : étude comparative entre deux maternités à Stockholm et Marseille. Archives de Pédiatrie. 2016;23(3):234‑40.
5] Huev Walter Nicolete, Implications des pédiatres dans l’accueil des urgences,2016
6] Claudet et al., Fréquentation des urgences pédiatriques, Bibliosante.ml, 2012.
7] Fatoumata D-T et al, Unité de néonatologie de référence nationale du Mali : état des lieux, Santé publique,2014
8] Harir N ., Facteurs de risque de mortalité néonatale dans l’hopital gynécologie-obstétrique de la Wilaya de Sidi Bel Abbes, Algérie, Pan Afr Med J. 2015 ; 20 :387.
9] Lubumbashi Population 2024 – World Population Review.
10] Kisito N . et al.,Morbidité et mortalité des nouveau-nés hospitalisés sur 10 années à la Clinique El Fateh-Suka( Ouagadougou,Burkina Faso ), Pan Afr Med J.,2013 ;13 :153.
11] Keita M, et al, Urgences néonatales dans le service de pédiatrie,2019
12] Camille Ravel, Marion Nimal. Facteurs de risque d’hospitalisation et parcours de soin au cours du premier mois de vie d’une population de nouveau-nés ”sains”: étude en population dans la région PACA. Sciences du Vivant [q-bio]. 2020. dumas-03148489
13] Siobhan Devine , Guy Taylor ; Pour chaque enfant, une chance de vivre, Rapport Unicef, 2018
14] Verhaaren Alice, Etude analytique des motifs de consultations néonatales non programmées : Elaboration d’un outil de prévention et d’orientation des parents au sein du réseau Ville-hopital, HAL open science,2021
15] Yves Willemot, Sylvie Sona, Pour chaque enfant, une chance de survivre ; Rapport Unicef pour la R.D.C , 2018
16] Abdourahamane D. et al, Statut à la naissance et prise en charge des nouveau-nés dans une maternité de dernier recours en Guinée, Périnatalité, 2022 /4 (Vol.14),Pages 174 à 179
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☆ LES CAUSES D’HOSPITALISATION NEONATALE A LUBUMBASHI / HAUT-KATANGA / R.D.CONGO.